Voilà neuf ans que j'oeuvrais dans le camp. Tout avait très mal débuté. En effet, mes parents fondaient de tels espoirs sur moi que je m'étais juré de ne pas échouer. Sauf que, évidemment, les Dieux m'avaient tout pris. Ils m'avaient humiliés, fait en sorte que je n'arrive à rien. Cela m'avait prit un an pour tout apprendre. Je ne pouvais pas lâcher, ni abandonner. Car c'était pout les faibles. Et Marcus N'EST PAS faible. Oh non. Il ne le sera jamais. Je ne suis PAS faible. Ni lent. Je suis juste tellement supérieur aux gens que quand je parle ou que je fais quelque chose, ils sont juste jaloux, donc ils me font souffrir, ils me rabaissent dans l'espoir de se sentir meilleurs, plus forts et plus puissants. Enfin bref, passons. J'avais été un an chez Lupa et elle ne m'avait laissé repartir qu,à contre-coeur, implement parce qu'elle ne savait plus quoi faire de moi. Elle m'avait dit que je mourrais avant même d'arriver au camp. Or, personne ne vaincra jamais Marcus Reed. Personne. J'étais humain, enfin ... presque. Mais j'avais un corps qui pouvait s'épuiser. J'étais juste horriblement têtu et je voulais vivre. Ce n'était pas une Louve dans son genre qui allait me dire quoi faire. Pff. Les Loups étaient faibles. Surpassés par les Aigles, symbole des Dieux.
Haaaa, les Dieux. Quelle perte de temps. Quelle infâmie, quelle connerie. Assis dans ma chambre, je fixe le mur d'un air insolent. C'est tellement drôle que j'en ris tout seul. Le fait que des Dieux ne soient rien. Car je ris de cette vérité pûre et simple, uniquement cela. Pas parce que le mur est amusant. Non. Les Dieux sont tellement faibles. Ils avaient manqués se faire tués par Chronos. Ils l'ont affaiblis et l'on enfermés dans le Tartare. Seulement, il est en train de revenir, avec plusieurs autres Dieux. Tous des Dieux mineurs qui n'ont rien de mieux à faire que de devoir lécher les bottes de Jupiter. Je crachai en disant son nom. Sa simple vue dans le temple dans lequel je devais faire mes prédictions me mettait en rogne. Comment peut-on être aussi ... agaçant ? J'haissais les Dieux. Ils se prenainent tellement mieux que les autres en interdisant tout. les Titans étaient meilleurs, leurs idéaux, leur vision du mmonde était beaucoup plus juste, plus belle et nouvelle. Voilà ce quoi l'Olympe avait de besoin. Du changement. Comme lorsque l'été succède à au printemps, ou l'hiver à l'automne. Lorsque les bourgeons éclosent après de longs mois de froid, lorsqu'une nouvelle vie s'engrène dans l'air. Du changement, un renouveau. Recommencer tout à zéro. Sur de nouvelles bases plus saines, voilà ce dont le monde a besoin.
Je finis par me lever de mon lit et m'étirai longuement, comme un chat après une longue sieste. Je m'étais perdu dans mes pensées pendant de longues heures, car l'avant-midi touchait à sa fin. Par delà mes fenêtres ouvertes, j'entendais l'activité du camp. Tout bourdonnait comme dans une ruche. Avec la même ferveur, les légionnaires s'entrainaient, soignaient, rigolaient. Il y avait maintes activités et elles étaient trop nombreuses pour être nommées en si peu de mots. Je m'habillai d'un jeans et d'un t-shirt bleu foncé. N'ayant pas très faim, je décidai d'aller me promener dans la Nouvelle-Rome. Je laissai ici mes armes et mit ma cape par-dessus, celle qui indiquait mon statut d'Augure et épinglai mes insignes sur ma poitrine. Je coiffai mes cheveux en mode pas-coiffés et sortis de ma demeure. Personne ne pouvait soupsonner tout ce qui se tramait dans le monde des Dieux, comment Jupiter avait été caché, enfermé. Personne ne savait que, dans l'Ombre, les Titans remontaient, ils se ralliaient`contre les Dieux, avec moi. Laissant le vent faire jouer mes cheveu blonds, je souriais paisiblement. Tout allait bientôt changer et je mourrais d'envie de leur dire. Mais les surprises sont toujours les plus belles, surtout lorsqu'elles sont des coups imprévisibles.
Shade en avait TRES LEGEREMENT assez des délibérations et autres pirouettes diplomatiques. Non. Sérieusement. Est-ce qu’on ne pourrait pas agir un peu, au lieu de rester là, réunis autour d’une longue table, à discuter et palabrer pendant que dehors, les Titans réunissaient probablement leurs propres préparatifs de guerre ? N’importe quoi, je vous dis. Une bonne bagarre avec des monstres, c’était ça qui la détournerait du sentiment d’être soudain mortellement inutile. Eh quoi ? Si elle pouvait se montrer bonne parleuse, parfois, la diplomatie et elle, c’était niet. Elle aurait tôt fait de sortir un poignard, exaspérée, et menacer l’orateur avec en lui répétant très calmement qu’il devrait mieux examiner ses propositions. Bref, ce ne serait ni plaisant pour le concerné, ni productif (quoique), alors elle préférait s’abstenir. Et elle avait rongé son frein depuis les premières lueurs de l’aube, perchée sur le toit du temple de Pluton.
Là, personne ne viendrait la déranger. Ou plutôt, personne n’oserait. De un, on n’entrait pas dans le temple du dieu des Enfers comme dans un supermarché. Et de deux, la réputation de sa fille était ambigue, dans un camp comme dans l’autre. Les romains la considéraient pour certains comme une traîtresse. Ah, que diraient-ils s’ils apprenaient ce qui était arrivé à leur propre préteur… Elle gloussa toute seule avant de se reprendre. Bon, elle avait juré de ne rien dire à personne, mais des fois, c’était tellement compliqué ! Mais ça ferait les choux gras du camp pendant des semaines, à n’en point douter.
La jeune femme passa une main dans ses cheveux emmêlés et ferma brièvement les yeux pour chercher une minute de repos. Elle n’avait pas beaucoup dormi cette nuit, même si elle avait bel et bien pris une chambre dans la principia (celle qu’on gardait pour ses visites, en fait : simple, pas très meublée, un truc qui est fait pour qu’on n’y reste que peu). La force de l’habitude, sûrement. Elle avait appris à ne dormir que d’un œil, et même lorsqu’elle était en « sûreté », ne parvenait pas à se défaire de cette habitude. Après tout, il y avait des traîtres et des menteurs partout, alors pourquoi pas dans une ville qui normalement n’était pas son ennemie ? Elle resserra les pans de sa veste noire autour d’elle et vérifia que ses poignards étaient à nouveau fixés sur ses avant-bras, après qu’elle s’en soit servie plus tôt ce matin sur des cibles de bois pour ne pas perdre la main bêtement.
Shade finit par descendre du toit du temple en un bond périlleux et se réceptionna genoux pliés sur le sol de terre tassée, avant de décider d’aller prendre une bonne tasse de café dans un des salons de la Nouvelle-Rome. Ca la tuerait pas, et plus le café serait noir et amer, mieux ce serait. Sinon, elle allait finir par s’endormir sur place par ennui. Ce qui fut fait assez rapidement, et elle se retrouva dans les rues de la ville, une tasse de café fumante (en carton, c’est bien les trucs à emporter) entre les mains. Maintenant, elle allait peut-être retourner à la principia, réemballer ses maigres affaires et se relancer. L’atmosphère dans les camps lui pesait, avec toutes ces discussions entre eux. Trop de diplomatie pour une fille adepte de la méthode expéditive : on écrase les Titans, et puis comme ça tout le monde est content.
Quelques minutes plus tard, elle était de nouveau prête, habillée de pied en cap, son sac à dos jeté sur son épaule. Toutes ses possessions tenaient dedans, de toute façon elle n’en avait pas tant. Quand on a passé onze ans de sa vie de bouger de lieu en lieu, avec de temps en temps des monstres qui tentent de : 1. Vous tuer, 2. Vous déposséder… Plus qu’à récupérer ses armes auprès de Terminus, maudit soit ce dieu et ses règles… Elle s’apprêtait à sortir incognito des limites de la ville quand une silhouette détestée entra à la limite de son champ de vision. Elle plissa les yeux. Reed. Manquait plus que lui. N’importe quoi. Alors elle se fondit à demi dans l’ombre et marcha de façon normale, ignorant ostensiblement l’oracle du camp auquel elle n’avait manifestement pas envie de parler, sauf pour crier.
Je me promenais dans la Nouvelle-Rome. Je sentais les regards sur moi. Des regards de convoitise, de haine, de reproches. Des regards pas tous amicaux, somme toute. Certains avaient les yeux plein d'étoiles en me fixant, mais très peu. San doute était-ce du à mon incroyable beauté ! Ils me fixaient tous dans l'espoir d'obtenir quelque chose de moi. Ils avaient confiance en moi, du moins, je crois. J'étais trop important pour l'avenir, pour leur camp, pour qu'ils puissent me rejeter ou me lancer des pierres. S'ils savaient comme j'étais important ! J'allais apporter une nouvelle ère au camp, une nouvelle vie. Cette vie, c'était une vie loin des Dieux, loin de tous leurs foutus complots, loin de tout cela. Loin de leurs machinations diaboliques. J'haissais tellement les Dieux, tellement ! Ils pourraient crever et j'en ferais un feu de joie, de leurs corps ! Haaaa, quelle belle vision. Je sentais les regards sur moi, et certains étaient impressionnés par où j'étais passé. Eux qui disaient que jamais je ne ferais rien de cette vie, que je n'étais qu'un minable garçon. Ceux qui avaient eu aussi des grands projets pour moi, qu'ils voulaient que je sois à la hauteur de leur attentes. Mes parents étaient là et me fixaient de loin. Mais je les ignorais.
Passé l'âge d'aller faire des câlins à papa maman. Passé cet âge depuis fort longtemps. J'avais pas envie de les revoir Ils ne m'étaient pas très utiles. J'avais pas besoin de leur bénédiction, du moins pas pour l'instant et pas que je saches. Donc je les évitais, je les ignorais. Non mais c'est vrai. Quel gars de vingt-et-un ans allait squatter chez ses parents ? Un guerrier comme moi ? Ha ha ha, risible, imbécile. Se faire dorlotter par maman et papa ? Naaan. Je détestais tout cela. Si j'avais alliance avec ma « copine » c'était parce qu'elle était de mon côté, du côté des Titans. J'avais une alliée et personne ne me l'enlèverais jamais. Enfin, bref. Je me voyais mal aller pleurer dans les jupes de ma mère après une défaite. Non, voyons. Puis, l'idée même d'une défaite me faisais rire à gorge déployée. Tu parles, défaite. J'en avais connu de légères, mais c'était reculer pour mieux sauter, mieux avancer. Une petite défaite cachait une victoire énorme, fabuleuse, merveilleuse.
Merveilleuse, oui. Fabuleuse ... Comme Shade, que je venais d'appercevoir. Elle semblait me fuir. Je m'approchai d'elle et la fixai ostensiblement, sans la moindre gêne. D'un regard masculin adulte, pas comme celui d'un simple adolescent stupide. Elle était tellement magnifique, farouche, rebelle. J'allais avoir besoin d'elle dans mes plans de conquête. Aussi, je savais qu'elle avait un frère grec. Je la contemplais sans la moindre gêne. Je m'approchai d'elle, car elle semblait vouloir m'éviter, mais personne ne m'évitais, personne ne m'échappais. Je lui bloquai la route et la fixai d'un regard impénétrable, indéchiffrable.
Sérieusement. C'était trop demander aux dieux, que de traverser la Nouvelle-Rome en mode discrétion avant de filer à l'anglaise en s'évanouissant dans les ombres? Apparemment, oui. Trop, trop compliqué pour eux. Shade poussa un petit soupir. Avant, c'était à peine si on remarquait ses départs et ses arrivées. Elle débarquait, restait un jour ou deux à traîner dans les coins sombres de la ville et repartait directement. Étrangement, elle se sentait presque mieux parmi les grecs qu'avec ceux qui étaient pourtant censés représentés sa propre culture romaine. Ce sui jouait pas mal dans la balance de commentaires venimeux qu'elle recevait désormais sur son passage par pas mal de légionnaires. Traîtresse. Menteuse. Si, effectivement, elle était menteuse (par obligation (qui veut se faire réduire en cendres par tonton Jupiter? pas elle)), l'idée de traîtrise lui semblait absolument risible. Que trahir si elle, comme son optique le montrait, appartenait aux deux? Elle devait partager ses heures équitablement en plus ou quoi? Bref, elle ignorait superbement les quolibets. Sauf quand ils venaient de...bah, le truc qui se tenait devant elle présentement.
Qu'est-ce qu'il avait, même, à la regarder comme ça? Elle devait avoir une sale tête, en plus, à force de ne pas dormir et se faire du mauvais sang sur le toit des temples. Elle lui renvoya son regard, façon "écarte tes yeux ou je te jure que dès que j'en ai l'occasion, je plante un poignard entre les deux". Menace qu'elle ne pouvait malheureusement pas mettre à exécution pour le moment. C'était Terminus qui avait ses lames, tout comme son épée. Fichu dieu et ses fichues règles à la noix. M'enfin...ce n'était pas le propos. Qu'est-ce qu'il en avait à foutre, même, de là où elle allait? Tant que c'était très, très loin de lui? Leur inimitié ne datait pas d'hier, c'était sûr. En fait, elle datait de onze ans. Depuis qu'elle, gamine de neuf ans à peine, avait débarqué clopinante et couverte de crasse des pieds à la tête avec une jambe verte et gonflée par le venin de serpent antique. À y réfléchir, ce n'était pas extrêmement grave, mais sur le moment, elle n'était qu'une enfant paniquée qui trouvait tout juste ces marques dans ce nouveau monde mythologique où son père l'avait plongée sans prévenir à l'avance que c'était sans fond. Merci beaucoup, papa, j'te ferais payer ça un jour.
Remarque, elle ne savait mas trop où elle allait aller non plus. Quelque part loin de l'agitation des camps, ça c'était sûr. Pas forcément pour longtemps, elle qui aimait bien se tenir au courant depuis le moment où elle avait débarqué chez les grecs et croisé des romains (la belle pagaille, je vous dis pas...). Mais assez pour qu'elle refasse le point. L'idéal, ce serait un endroit sans rêves. Les songes des demi-dieux ne sont pas vraiment roses, mais elle avait l'impression terrible que ceux des enfants d'Hadès et Pluton remportaient une palme, et les siens la médaille d'or. Enfin, les autres ne faisaient pas des rêves aussi...interactifs, on va dire, non? C'était un miracle si elle dépêtrait encore la réalité de l'onirique, tant ils étaient...réels. Bon. On ne va pas s'étendre sur les détails, hein...elle n'avait pas vraiment envie d'y penser non plus.
Elle rendit son regard à Marcus. Mais en pire, amplifiant le potentiel d'intimidation par son aura de fille des morts, le même qu'elle utilisait pour effrayer les monstres et écarter les indésirables de sa route. Son expression hautaine de princesse offensée, le même qu'une Royale aurait employé pour fixer un insecte sur le bout de son escarpin. D'habitude, elle ne tirait pas prestige du fait que si elle vivait H24 dans l'Outremonde, elle y serait princesse aussi, mais là, elle en profitait sans vergogne. Même avec ses cheveux emmêlés et ses yeux sombres, sombres et cerclés d'ombre pâle, ça ne rendait pas si mal. Elle rétorqua sur un ton hypocrite au maximum:
"Loin d'ici. Va éventrer tes nounours, Reed, et je te rapporterais une peluche souvenir pour les dieux si jamais tu t'ôtes de mon chemin."
À cet instant, un autre souvenir refit surface, et elle frissona. En cas d'absence des préteurs, l'augure devenait l'officier de commandement. Oh, par les dieux, non. La légion ne méritait pas ça. Si elle faisait à peu près confiance au préteur, Derek, le fils de Mars (bien que de son avis, un coup de pied dans le culatus allait peut-être l'aider à se remuer un peu, sa relation avec Colleen, l'homologue féminine, était très conflictuelle. Et elle avait la désagréable impression qu'entre les deux, c'était la gosse de Jupiter qui tenait les commandes (et avait des sales goûts aussi (sortir avec Reed...franchement!)).
Accueil 
