Aurora & Declan
Stay awake to the middle of the night , We argue, we don't fight

La musique d’un petit groupe franchi dénommé la femme et dont la chanson s’appelait Sur la planche passait en boucle depuis une bonne dizaine de minute sur le poste du bungalow des enfants d’Arès, le numéro 5 . Je n’étais pas spécialement habituée à ce genre de musique un peu pop, cette voix aigüe et ce rythme entêtant. J’étais plutôt du genre à me bourrer les oreilles avec du hard rock, du rock, de la drum‘n’bass ou de la Hardteck, un truc suffisamment violent pour calmer mes ardeurs naturelles. Quoiqu’il en soit, il semblait bien qu’un ou une des nouvelles arrivées aimaient ce genre de chose pop à souhait et celle-ci ou celui-ci avait vraisemblablement décidé de faire partager sa passion pour le genre avec tout le monde. J’étais encore emmitouflée dans mon drap, cheveux en bataille et yeux clos à ce moment-là. Je n’avais pas particulièrement envie de me lever pour commencer à donner des ordres aux autres pourtant il fallait bien et cela m’arracha un grognement de mécontentement. Après tout c’était mon travail, c’était ma place et puis ça arrivait à tout le monde d’avoir la flemme, même à une fille d’Arès. Je me relevais sur mon coude et observais autour de moi les lits plus ou moins vides. Il était tôt et déjà la moitié du bungalow avait déserté pour se retrouver sur le champ d’entrainement. Normal il fallait le dire. Je balayais encore l’intérieur de mes iris bleu puis décidais de me lever réellement. Je m’assis sur le bord du lit, seulement vêtue d’un short ultra court et d’un débardeur ample. Je n’étais pas spécialement du genre à m’apprêter pour dormir, pas comme ce que j’avais pu entendre des filles d’Aphrodite. Grand bien leur fasse. Je passais mes mains sur mon visage pour me donner un coup de jus et de finir de me réveiller mais rien à faire, mon corps tout entier semblait vouloir sombrer dans le sommeil. Sur ce coup, je n’avais pas eu de chance, je n’avais pas hérité du pouvoir de résistance comme certains des autres enfants d’Arès. En fait, j’avais reçu que très peu de pouvoir offensif, pour ne pas dire qu’un seul et encore. Certes c’était très utile pour semer la discorde dans les troupes en les faisant enrager mais étant donné que j’avais un mal fou à le contrôler, au final, c’était plus un handicap qu’autre chose. Bon ok, savoir utiliser de façon innée n’importe quelle arme c’était un pouvoir plutôt cool et super utile mais ça n’avait rien avoir avec une force sur humaine ou un corps résistant à la douleur, la fatigue ou tout autre truc nous empêchant d’être à nos capacités maximales. Bref, j’aurais pu dormir encore une journée de plus si j’avais écouté mon corps, au lieu de quoi je m’étais levée, avais pris mes effets de toilette, mes vêtements des jours et de quoi me replâtrer le visage. Ça m’arrivait de temps à autre de faire ma fille mais j’évitais la plupart du temps. Je fus rapidement lavée, maquillée (un trait de crayon estompé aux ras des cils supérieur et un brin de mascara ) et habillée ( un slim en cuir noir, une aire de rangers assez souple car super vielles et un t-shirt à l’effigie un groupe de rock qui avait l’air assez trash.). Je retournais au bungalow, y pris ma double épée et partie en direction du champ d’entrainement.

Je passais la journée à m’entrainer et ce n’est que sur le soir que je reviens au bungalow. Tous les enfants d’Arès y était réunis, se préparant à aller au réfectoire ensemble malgré la compétition et les tensions qu’il pouvait y avoir entre eux. Étant l’une des plus vielles, je ne me sentais pas en concurrence avec eux et la compétition m’était égale, je savais exactement ce que je valais et je ne doutais aucunement de mes capacités à en faire de la chair à harpie. Je leur aboyais quelques recommandation, ordres en fait, concernant le rangement de notre dortoir et à propos du fait qu’il fallait tenir leurs armes et autres affaire propre et correctement entreposé histoire quelqu’un ne se fasse pas éventré en entrant en raison d’une hache ou que sais-je pas à sa place. Ils obéirent tous, merci papa pour le pouvoir de leader, et une fois que je fus satisfaite de la place je les laissais partir vaquer à leur occupations, à savoir : Manger. Je n’avais fait qu’un repas aujourd’hui pour couper entre mon entrainement du midi et celui de l’après-midi et mon ventre semblait vouloir me le signifier. Je ne mangeais pas assez au gout de certain et je savais qu’il le fallait mais j’étais bien trop occupée à devenir une guerrière parfaite, foutu perfectionnisme. Je décidais néanmoins d’écouter ce qu’il avait à me dire et me dirigeais vers le réfectoire. J’y pris une banane, un morceau de pain et de fromage et partis rejoindre Gabriel, mon satyre, dans la forêt puisqu’il m’avait demandé de le rejoindre un peu plus tôt dans l’après-midi. On ne se voyait plus trop et parfois il me manquait car c’était lui qui m’avait le plus aidé à mon arrivée. Je traversais le camp en mangeant mon fromage, que je coupais avec une de mes dagues dont je ne me séparais jamais, et mon pain. Le trajet fut assez rapide et c’est lorsque j’entrais dans la forêt que je me heurtais à un jeune homme, un des nombreux adolescents du camp auxquels je ne prêtais aucune attention particulière. Je ne m’intéressais pas à grande monde de toute façon, Gabriel, Cécil et Shade, lorsqu’elle passait, me suffisaient amplement. Oui, j’étais plutôt du genre personnel comme fille. Je m’arrêtais net, toisant le petit brun de toute ma hauteur et le fixais de mon regard d’acier. Je n’étais pas particulièrement discrète dans le camp, beaucoup me connaissait pour mes exploits sur le champ d’entrainement étant l’une de plus expérimentée, pour l’instant, des enfants du dieu de la guerre. Je détaillais le garçon de haut en bas sans bouger mon visage le moins du monde. L’avais-je déjà rencontré ? Aucune idée.

-Qu’est-ce que tu fais ici ?! Dégage de mon chemin gamin … J’tiens pas à t’arracher les yeux ce soir.

J’étais sèche, autoritaire et mon aura de leader, de chef, ce pouvoir qui ne me quittait jamais et qui était en permanence activité risquait fortement de faire son effet. Mais je n’attendis pas, je le bousculais une fois encore tout en mangeant mon fromage et mon pain, ma banane dans la poche arrière de mon slim.

BY .TITANIUMWAY

Aurora & Declan
Stay awake to the middle of the night , We argue, we don't fight

- Euh .. Désolé. J'allais dans la forêt.

Je vis très bien l’exaspération se peindre sur ses traits enfantins et rapidement je sentis aussi l’ombre devenir plus omniprésente, plus dense, plus profonde. Cela ne me faisait aucunement peur. Je n’avais ni peur de la mort, ni peur des ténèbres après tout j’y avais plongé tête la première à onze lorsque ma mère avait choisi de m’abandonner aux bons soins de ce camp, de cette faune plus ou moins étrange. Et c’est à partir de ce moment-là, que j’avais une croix sur les sentiments et c’était ceux-ci qui m’effrayaient le plus. Le reste n’avait pas n’importe à mes yeux. Je ne vivais que de colère, d’arrogance, de victoire et de tyrannie. Je n’étais que ça même si le cœur, cet organe qui pouvait devenir notre talon d’Achille, essayait tant bien que mal de percer une trouée dans cette âme lugubre que je s’étais forgée en moi. J’observais le jeune adolescent devant moi avec une froideur sans nom. Il y avait quelque chose d’animal dans mon regard comme dans ma démarche, le plus souvent c’était à peine perceptible car je me cachais derrière mes armes, ma force, ma colère et ma douleur. Je me montrais pire qu’une harpie ou qu’un cerbère sur le champ de bataille et lors des jeux il n’était pas rare que j’amoche plus ou moins sévèrement mon compatriote. J’étais la digne fille de mon père, semant la destruction et la haine sur mon passage et je me fichais éperdument des conséquences. Sauf lorsque j’étais en présence des romains, c’était comme ça, je ne tenais pas à gâcher la possible alliance qui pourrait naitre… ou pas. J’observais encore l’adolescent devant moi : cheveux bruns, de yeux aux iris aussi limpide qu’une rivière de montagne, les traits fins et aussi frêles et blafards qu’un fantôme. Ce devait être à coup sûr un enfant du dieu des enfers, Hadès.

-Nous sommes deux alors… pas la peine de te mettre en rogne tu sais, je ne suis pas là pour me battre, je le fais assez durant la journée et puis tu n’aurais aucune chance face à moi, si fils d’Hadès sois-tu !

S’il n’était pas reconnu, je l’avais dans l’os ! S’il l’était ce n’était pas grave. J’avais côtoyé de nombreux enfants du roi des ombres, enfin nombreux, j’entends quelques-uns puisqu’ils avaient passé un pacte afin d’arrêter la procréation de nouveaux demi-dieu « surpuissant ». Du moins par rapport aux enfants des dieux mineurs. Bref, je n’offris pas de sourire au jeune homme dont je ne connaissais pas et ma voix était moins dure que lors de ma précédente réplique. Je n’avais réellement pas envie de me battre et encore moins contre un gamin aussi chétif que celui qui me faisait face. J’inspirais doucement, la nuit commençait à prendre ses droits et répandre ses étoiles scintillantes dans le ciel d’encre. J’aimais beaucoup la nuit à l’instar de ma génitrice, j’étais comme elle. Une fille de la nuit. Je levais mon visage fin et féminin vers le ciel et observais les petits points lumineux dans le ciel. Une colère insidieuse commença à se répandre dans mes veines, l’effet de penser à ma mère. Je fermais mes points et clos mes paupières quelques centièmes de seconde le temps de reprendre mon calme. J’avais envie de lui faire mal, de la faire souffrir pour m’avoir abandonné. Comme si ça n’avait pas suffi que mon père le fasse dès ma naissance, jugeant que je n’étais pas assez importante pour qu’il s’occupe de moi, préférant ses affaires de crétin de dieu à la noix. J’avais tout fait pour qu’elle soit heureuse, j’avais accepté chaque homme qu’elle avait fait entrer dans nos vies. J’avais accepté chaque départ et l’avais consolée à chaque fois puis lorsque les vraies embûches avaient commencées elle avait pris la fuite, jugeant que c’était pour mon bien. Tu parles c’était pour le sien. Certes aujourd’hui je me préparais sans cesse à la guerre, à ma mort imminente car je ne survivrais pas at vitam aeternam. J’espérais faire plus d’une guerre et j’avais des dons qui m’y aideraient mais je n’avais pas de don de guérison comme les enfants d’Apollon ou le pouvoir de me cacher dans les ombres comme les enfants d’Hadès. Non moi j’étais la chair à canon de qualité exceptionnelle, j’étais celle qui serait en première ligne, celle qui se battrait contre vent et marrée jusqu’à son dernier souffle. L’idée de vouer mon âme à une cause juste fit s’éloigner ma crise de haine qui pourrait déclencher une rage chez tous ceux à proximité de moi. Mes yeux me piquaient et je sentis des larmes brulantes qui désiraient dévaler la peau douce de mes joues. Mais je me retenais. Lorsque je fis à nouveau face au jeune homme, je n’avais plus ma contenance habituelle, mes yeux brillaient et mon envie de revanche devait certainement se lire dans mon regard.

-Je… Bref… Aurora. Tu veux peut être me suivre ou m’accompagner puisque nous allons au même endroit ?

Les mots sortirent de ma bouche comme si c’était une autre personne qui les disait à ma place. Je m’étais présentée naturellement et je me doutais qu’au fond, peut-être, il me connaissait déjà comme beaucoup puisque j’étais celle à abattre sur le champ d’entrainement et durant les jeux organisés. Et puis, j’étais chef du bungalow d’Arès donc les autres enfants de mon père, devait surement se plaindre de moi et mon perfectionnisme tyrannique. Je n’étais pas du tout agressive, ni résignée, juste plus douce. Je fuyais son regard, je ne voulais pas qu’il voit à quel point mon envie de vengeance me ronger et que cette envie était devenu mon talon d’Achille. Je connaissais le sien comme celui de tout le monde ou presque mais je ne voulais pas que les gens connaissent le mien. Même Cécil et Gabriel ne le connaissaient pas et pourtant c’était ceux qui étaient le plus proche de moi. J’inspirais profondément et faisant attention de ne pas effleurer le jeune homme je repris ma marche d’un pas lent afin qu’il puisse me rejoindre si l’envie lui prenait. Après tout, je n’étais pas qu’une fille d’Arès même si je les laissais tous croire que si.

BY .TITANIUMWAY